CHIFFRES DU CHOMAGE : SORTIR DE L’IMPASSE !
Collectif « Autres Chiffres Du Chômage  »
28/06/07 – Communiqué de presse
« CHIFFRES DU CHOMAGE : SORTIR DE L IMPASSE !  »
Malgré l’insistance des statisticiens de l’Insee et de la Dares, de leurs
syndicats et des associations de chômeurs, les pouvoirs publics viennent Ã
nouveau de publier pour le mois de mai 2007 des statistiques du chômage dénuées
de signification. Le taux de chômage officiel de 8,1% sous-estime la réalité,
qui se situe au moins un point au dessus : c’est ce qu’indique notre estimation
réalisée selon la méthodologie habituellement employée par l’Insee. En tout état
de cause, le débat sur le chômage et la précarité ne peut plus continuer à se
focaliser sur un seul indicateur, fà »t-il calculé correctement : comme le
demandent les « Etats généraux des chiffres du chômage et de la précarité  » , la
diversification croissante des formes d’insécurité sur le marché du travail
oblige à compléter la mesure du chômage par d’autres indicateurs. Rappelons
qu’en 2005, selon ACDC, en plus des 9% de chômeurs au sens du BIT, notre pays
comptait 41% d’emplois inadéquats au sens du BIT, soit 11,4 millions de
personnes avec un bas salaire, un contrat précaire, une situation de sous-emploi
ou un travail dangereux pour leur santé .
1. L’Insee et la Dares viennent de publier le chiffre du chômage pour mai 2007,
qui s’établit à 8,1 %. Or, selon notre calcul, si la direction de l’Insee avait
respecté la procédure habituelle et recalé les estimations provisoires en
fonction des résultats de l’enquête Emploi de 2006, le taux de chômage fin mai
2007 s’établirait officiellement à 9% (graphique 1).
Depuis le début 2005, le taux de chômage officiellement publié, calculé en
violation des procédures normales, a reculé de 2 points, alors que notre
estimation officieuse, mais conforme à la méthodologie habituelle, montre une
baisse de seulement 1 point.
2. Cependant la réalité est probablement encore plus sombre : la dérive
baissière des chiffres de l’ANPE s’est sans doute poursuivie en 2007, notamment
sous l’effet de la montée en charge du suivi mensuel personnalisé des demandeurs
d’emploi et du renforcement des contrôles. C’est ce qu’indique la nouvelle
accélération du taux de radiations enregistrée fin 2006 (graphique 2). Autre
élément allant dans ce sens, l’enquête Emploi de l’Insee montre une stabilité du
chômage au 1er trimestre 2007 par rapport à la fin 2006, selon la note de
conjoncture publiée tout récemment par l’Insee. Le recalage de mars 2008
pourrait donc amener une nouvelle réévaluation à la hausse du chômage BIT pour
2007.
3. Les conjoncturistes de l’Insee confirment, en s’appuyant sur des résultats
inédits de l’enquête Emploi, les arguments que nous avançons depuis 6 mois
pour expliquer la baisse anormale du nombre d’inscrits à l’ANPE : « le taux
d’inscription des chômeurs à l’Agence a diminué régulièrement d’environ 0,75
points par trimestre depuis la mi-2005. Ce taux serait ainsi passé de 82% au
second trimestre de 2005 Ã 77% au premier trimestre de 2007 (...) La baisse du
taux d’inscription pourrait en partie être induite par les réformes de
l’indemnisation du chômage, mises en oeuvre à partir de 2003 (…)  » . Ils mettent
également en cause, de façon feutrée, l’impact des changements de la gestion des
chômeurs par l’ANPE : « le classement des demandeurs d’emploi dans les diverses
catégories par l’ANPE peut évoluer d’une manière qui n’est pas uniquement et pas
systématiquement liée aux évolutions du chômage  ». Ces éléments confirment la
qualité et l’utilité de l’enquête Emploi, seule référence fiable pour mesurer le
chômage dans notre pays, et qui devra, comme l’ont indiqué les conclusions des
Etats généraux, être le pivot du nouveau dispositif d’observation du marché du
travail que cette crise sans précédent rend désormais inévitable.
4. Le Premier Ministre a créé le 20 juin une « mission pour faire le point sur
les modalités de calcul des chiffres du chômage  » . Cette mission des
inspections des Finances et des Affaires Sociales, dont on ne connaît pas encore
les membres, est supposée rendre fin juillet un rapport sur les seules
statistiques du chômage, à l’exclusion de toute réflexion sur les indicateurs
complémentaires pourtant aujourd’hui indispensables. On doit se féliciter du
fait que pour la première fois, le gouvernement reconnaît l’existence d’un
problème avec la « qualité de nos informations statistiques  ». Toutefois, alors
que se met en place au CNIS (Conseil national de l’information statistique),
sous la présidence de J.B. de Foucauld (Inspecteur général des Finances), un
groupe de travail prometteur sur la « Définition d’indicateurs en matière
d’emploi, de chômage, de sous-emploi et de précarité de l’emploi  », il est Ã
souhaiter que la mission des inspections ne cherche pas à clore prématurément un
débat qui ne fait que s’ouvrir.