REMOBILISATION AFPA ET ANPE : du vent et des radiations
Depuis le mois de septembre l’AFPA et l’ANPE organisent
conjointement des opérations de convocation collectives des
demandeurs d’emploi, suivis de stages de remobilisation de
cinq semaines pour une partie des convoqués.
AC ! est intervenu de nombreuses reprises , dans plusieurs
villes, dans ces réunions, pour dénoncer l’inutilité pratique
de ces stages imposés aux précaires , ainsi que sur la
manipulation des chiffres du chômage à laquelle ils donnaient
lieu : en effet , les stagiaires , pendant leurs
cinq semaines ne sont plus considérés comme demandeurs d’emploi.
Les directions de l’ANPE et de l’AFPA ont toujours refusé de
communiquer les chiffres afférents à ces convocations, qu’il
s’agisse des publics cibles ou des résultats en terme
d’emplois retrouvés.
A l’occasion d’une de nos actions,lors d’une convocation collective à Montfermeil un responsable de l’AFPA
lachait le chiffre mirobolant de cinquante pour cent de retour
l’emploi.
Nous rendons aujourd’hui public un document de bilan relatif Ã
deux de ces opérations massives, menées dans le secteur d’Orly
(94 ) : ce document nous a été transmis par des salariés,
nombreux à partager nos critiques et nos interrogations. Ce
document n’est normalement accessible qu’aux directions
concernées et pas à l’ensemble des travailleurs des deux
institutions.
Petit résumé :
Des stages destinés à permettre aux bénéficiaires d’effectuer
collectivement des démarches d’emploi, mais : pas d’accès à la
presse spécialisée, pas de bases de données internet et pas de
photocopieuses pendant les premières semaines. De qui se
moque-t-on ?
Parmi les convoqués, jusqu’ quarante pour cent de personnes
sans aucun revenu et le reste issu en grande majorité des
rangs des allocataires de l’ASS et du Rmi, c’est à dire
survivant avec moins de 450 euros par mois.
Toutes les études, y compris la plus récente du CERC attestent
que l’un des plus gros obstacles au retour à l’emploi, c’est
la faiblesse du revenu de remplacement qui ne permet notamment
pas de se déplacer.
D’ailleurs de l’aveu même des formateurs AFPA, l’une des
raisons de l’échec d’une des sessions de formation, est
l’éloignement entre le domicile des demandeurs d’emploi et le
lieu de la session de formation ( Orly Cr�teil ) : pour aider
des chômeurs, qui rappelons le n’ont quasiment aucune aide Ã
la mobilité, on leur propose des formations à des kilomètres
de chez eux, sans moyen de s’y rendre ?
Sur le contenu de ces séances de remobilisation � les
formateurs restent extrêmement flous, parlent d’une longue
période du stage destinée à un travail sur soi ( � ?? ) ;
Un stage sans moyen ni contenu � A l’arrivée ça donne quoi : le
document est clair et net : sur 87 personnes, 4 CDI, 4 CDD ( un
mois, deux, six ? ) et quatre missions d’intérim. Rappelons
que ces 87 personnes sont elles même issues de séances de
convocation ou ce sont plusieurs centaines de
chômeurs qui ont été convoqués à chaque fois.
Enfin cerise sur le gateau : pendant ces cinq semaines, les
demandeurs sont censés construire un projet d’emploi avec les
formateurs : on remarquera que quatre vingt dix pour cent des
stagiaires ont "choisi" des emplois dans les secteurs dits
sous tension : nettoyage, emplois de proximité, espaces
verts, bâtiment �.Notons que les demandeurs d’emplois qui ont
fait ces choix "en toute liberté " ont pour la moitié d’entre
eux au moins le niveau bac, presque un tiers étant diplômé de
l’enseignement supérieur
Pour nous ce rapport pointe tout simplement les deux
véritables objectifs de ces séances de remobilisation : radier
ceux qui ne se présentent pas aux convocations et pousser les
chômeurs vers des emplois non-choisis.
L’ AFPA était naguère un véritable organisme de formation au
service des salariés : comme l’ANPE , il semble qu’elle soit
devenue avant tout un petit rouage de la machine à précariser