La police laisse plus de 20 agriculteurs blessés
par
Rio Grande do Sul, Brésil, le 26 janvier 2004 - Adital [1]
La Brigade Militaire du Rio Grande do Sul a réprimé avec violence une manifestation de travailleurs sans terre qui protestaient contre le retard du déblocage des fonds fédéraux pour les plantations sur la commune de Santana do Livramento [2]. Autour de 15 heures, aujourd’hui, des affrontements entre la police et les 300 agriculteurs qui manifestaient, se sont conclus par 20 travailleurs blessés et quatre arrestations. Plusieurs ont été emmenés à l’hôpital local, mais des dizaines d’entre eux sont pour l’instant portés disparus. Les familles attendent le déblocage de ces sommes du Programme National de Renforcement de l’Agriculture Familiale (Programa Nacional de Fortalecimento da Agricultura Familiar - PRONAF) depuis le mois d’aoà »t.
Aujourd’hui, les familles en attente des fonds pour leurs cultures se sont aussi mobilisées dans les villes de Viamão [3] et Arroio Grande [4], en occupant les agences de la Banque du Brésil (Banco do Brasil). À Santana do Livramento, la Brigade Militaire avait déjà tenté le matin même d’empêcher la venue des agriculteurs dans la commune en interdisant l’accès des bus. Quinze travailleurs sans terre et trois policiers militaires avaient été blessés. Malgré tout, les travailleurs ruraux ont réussi à mener à bien leur action dans l’agence du Banco do Brasil.
L’affrontement s’est produit quand les manifestants quittaient l’agence bancaire, avec une grantie obtenue pour le déblocage des sommes en retard de paiement. Pendant qu’ils se dirigeaient vers la Place General Osório pour tenir une assemblée, ils ont été surpris par une action de la police militaire, commandée par le colonel Lauro Bicel. « La Brigade a commencé à fouiller les personnes qui sortaient de la banque et, ensuite, le commandant a donné l’ordre aux brigadiers de commencer à frapper  », raconte Paulo Cesar Bosa, de la coordination estatale du MST [5].
Même les femmes enceintes et les enfants ne furent pas épargnés par la violence. Le technicien agricole Leandro AtÃlio Ferreira, qui participait à la manifestation, raconte que, en plus de réprimer le mouvement avec violence, la Brigade a tenté d’empêcher que les blessés fussent transportés à l’hôpital. « Jamais je n’ai vu une telle lâcheté. Nous sommes hébergés dans le secrétariat du MST sans pouvoir sortir ni secourir les camarades blessés  », affirme Ferreira.
Vingt travailleurs ruraux ont été soignés aux urgences, la plupart d’entre eux se faisant arrêter après les soins. En début de soirée, quatre agriculteurs, encore non identifiés, étaient détenus.
Le delégué régional du Ministère du Développement Agricole, Jéferson Miola, a fait savoir à la presse locale qu’une réunion avec les représentants de l’occupation de Viamão aurait lieu le mardi 27 janvier à 8 heures, pour renégocier les dettes du PRONAF [6].
Source (en portugais et espagnol).
Traduction : Pierre Bérard (ATTAC Rhône).
[1] Informations d’Olga Arnt et Eduardo Luiz Zen et du MST du Rio Grande do Sul.
[2] Commune du Sud-Ouest de l’État, sur la frontière avec l’Uruguay.
[3] Commune à 25 kilomètres à l’Est de Porto Alegre.
[4] Commune du Sud de l’État, à 50 kilomètres de la frontière uruguayenne.
[5] Mouvement des travailleurs ruraux Sans Terre.
[6] Programa Nacional de Fortalecimento da Agricultura Familiar