CASSE DE L’ASSURANCE-CHÔMAGE + BAS SALAIRES + RETRAITES AU RABAIS = TRIPLE PEINE POUR LES FEMMES

lundi 28 octobre 2019

L’autonomie financière des femmes recule actuellement.

- L’emploi salarié en CDI a été rendu inaccessible. Toutes les formes de travail précaire, invisible, informel, bénévole, gratuit, connaissent un développement sans précédent…

- L’attribution de « droits propres » avance peu, car toute la protection sociale fondée après 1945 sur des principes d’universalité et de solidarité est en train d’être laminée.

- La réforme actuelle de l’assurance-chômage va entraîner une dévalorisation et une non-reconnaissance du travail des femmes.

La vie au jour le jour se réinstalle subrepticement. De nombreuses femmes sont exclues du système d’indemnisation du chômage par l’UNEDIC, car « n’ayant pas travaillé assez » - du moins dans le secteur formel. Les temps partiels imposés signifient des indemnités de chômage très faibles et des retraites au minimum vieillesse. Les salaires des femmes sont inférieurs de 25 % à ceux des hommes, et les pensions de retraite de droit direct de 42 %.

Ce recul de l’autonomie des femmes ne peut qu’alimenter la spirale infernale des violences à leur encontre, au travail, dans la sphère domestique ou même dans la prostitution…

UNE RÉGRESSION SANS PRÉCÉDENT DE TOUS LES DROITS SOCIAUX

Actuellement, 42 % des demandeur-e-s d’emploi inscrit-e-s sont indemnisé-e-s par l’assurance chômage, avec une allocation mensuelle moyenne de 910 euros nets (805 pour les femmes et 1030 pour les hommes). Avec la loi Pénicaud du 05/09/2018, l’État a commencé à légiférer par décrets sur l’assurance-chômage. La réforme va entraîner pour la moitié des demandeur-e-s d’emploi des difficultés d’accès aux indemnités chômage (500 000 personnes indemnisées en moins), une baisse des allocations de 20 % à 50 %, une nouvelle dégradation des conditions d’emploi imposées.

Le système de retraite « par points » que le gouvernement cherche à imposer, risque d’entraîner une forte diminution des pensions, car toutes les années de la carrière seraient prises en compte pour le calcul des pensions, au lieu des 25 meilleures années à présent.

Toutes ces mesures touchent les plus précaires, celles et ceux qui travaillent en activité réduite, discontinue, à temps partiel, celles qui ont des interruptions de carrière pour cause de maternité ou de congés parentaux…

Une diminution de la prise en compte des périodes de chômage pour la retraite

Pas d’indemnisation du chômage, cela signifie encore moins de trimestres validés en vue de la retraite… Une période de chômage entre deux contrats n’est pas toujours prise en compte, car il faut avoir eu au moins 50 jours indemnisés pour valider un trimestre. En cas de chômage involontaire non indemnisé, une validation est possible dans la limite de 4 trimestres (6 la 1ere fois) si la période suit immédiatement une période indemnisée.

Parmi les personnes ayant bénéficié de contrats aidés au cours de leur carrière, une partie n’ont pas obtenu de validation de trimestres pour la retraite. En ce qui concerne les minima sociaux, seules les périodes indemnisées en ASS (allocation de solidarité spécifique) sont prises en compte, et non les allocataires du RSA.

Ségrégation des emplois et inégalités de salaires aggravées

La réforme de l’assurance-chômage vise à contraindre les demandeur-e-s d’emploi à accepter des petits boulots très mal payés dans des secteurs « en tension » (nettoyage, hôtellerie, restauration, services à la personne,
médico-social…) Le système de contrôles et de sanctions aggravées va obliger les femmes à accepter de reprendre très vite des emplois de courte durée, à faibles volumes horaires, avec de longs déplacements…

La réforme de l’assurance-chômage va en plus réduire les possibilités de cumul d’une allocation chômage avec un revenu d’activité par un plafonnement très strict ; c’est la double peine pour les plus vulnérables. Or, les femmes sont majoritaires parmi les demandeur-e-s d’emplois « en activité réduite » (CDD courts, temps partiels)

Toutefois, les assistantes maternelles et salarié-e-s à multi-employeurs conservent leurs indemnités. En raison des difficultés de leur métier, les assistantes maternelles se sont mobilisées et organisées dans le Collectif des Gilets roses, elles ont obtenu de pouvoir cumuler intégralement leurs allocations chômage avec un revenu d’activité. Ce résultat positif doit être appliqué à l’ensemble des salarié-e-s ayant plusieurs employeurs.

UNE REFONTE DES MINIMA SOCIAUX ?

Compte tenu de la réforme de l’assurance chômage, beaucoup de femmes en précarité risquent de se retrouver aux minima sociaux. Or, le gouvernement envisage d’ici peu une fusion à budget constant de plusieurs minima sociaux et aides sociales, en vue de créer un Revenu universel d’activité (RUA). Celui-ci serait conditionné à des démarches de recherches d’emplois et probablement attribué sur le critère des revenus du foyer. L’ASS est très menacée ; or, le plafond de ressources de cette allocation est élevé, comparé à celui du RSA. Beaucoup de femmes ayant un conjoint qui travaille risquent de ne plus pouvoir toucher d’allocations, et de même pour l’AAH. Le risque d’un amalgame dans le RUA est donc très inquiétant.

A QUAND L’AUTONOMIE FINANCIÈRE POUR LES FEMMES ?

Pour avancer vers l’autonomie, il faut un système complet de Sécurité sociale universel et solidaire, permettant une indemnisation à un niveau décent de toutes les formes de chômage. Toutes les allocations devraient être attribuées sur le critère des ressources de la personne et non du foyer. Toutes les périodes de chômage doivent être prises en compte pour la retraite et les possibilités de cumul d’allocations chômage et de revenus d’activité élargies.

- Reconnaissance du travail des femmes et revalorisation des métiers féminisés
- Arrêt de la casse de la Sécurité sociale et de l’Assurance chômage
- Retraite par répartition dès 60 ans avec un taux de remplacement à 75 % et un minimum de pension au Smic
- Droits attachés à la personne dans tous les domaines - santé, chômage, retraites
- Revalorisation des minima sociaux et attribution sur le critère des ressources de la personne
- Des logements sociaux et des centres d’hébergement pour les femmes victimes de violences.

Samedi 23 novembre 2019, Manifestation contre
les violences faites aux femmes à partir de 14 H à l’Opéra

Samedi 30 novembre 2019, Manifestation contre
le chômage et la précarité à partir de 14 H devant le siège du MEDEF
(55 avenue Bosquet, Métro Ecole militaire)

Femmes contre les précarités, le chômage et les discriminations, Maison des femmes de Paris 163 rue de Charenton, 75 012, Escalier 13, Bâtiment 4, 75012 Paris. Mail : femmescontreprecarites@outlook.fr


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