Fusion ANPE-ASSEDIC : Contrôle sécuritaire renforcé
« Sanctionner, radier ou obliger quelqu’un à prendre un emploi loin de chez lui et mal payé, ce sont autant de manières de faire baisser les chiffres  » P. Salmon Salarié de l’ANPE
En janvier, le gouvernement Sarkozy a validé la fusion ANPE-ASSEDIC afin de rompre avec la prétendue inefficacité de l’ANPE en faisant croire que cela serait pour le bien des demandeurs d’emploi. C’est le service public de l’emploi que l’on s’apprête à sacrifier pour une gestion du chômage compétitive et performante. D’un service public, nous passons à une entreprise de service privé. Cette nouvelle structure aura des objectifs de rendement, (et notamment de placement des demandeurs d’emploi), dans la lutte contre le chômage et dans les économies de fonctionnement.
En effet France Emploi, nom de code de cette fusion, n’est qu’une structure provisoire, pour éviter de parler de privatisation. Demain, France Emploi ne sera qu’une agence intérim de plus, gérée par le patronat français, et donc financée par un budget privé.
Concrètement, la fusion ANPE-ASSEDIC, vise à accentuer les contrôles, les pressions et les sanctions à l’encontre des chômeurs afin de leur faire accepter des emplois précaires dans des secteurs aux conditions de travail dégradées. Pour ce faire, l’instauration du guichet unique est créée mais surtout la fusion entérine le Dossier Unique du Demandeur d’Emploi (DUDE) sur informatique qui permet à tous les professionnels de l’emploi de partager des informations sur la situation du demandeur d’emploi. Le but : avoir un fichier informatique de 10 millions de demandeurs d’emploi ou qui sont passés par la case chômage.
Les informations contenues dans le DUDE seront ouvertes aux opérateurs privés de placement concurrents de l’ANPE. La casse du service public ne sera pas perdue par tous. C’est ainsi que Mr Raymond Soubie directeur d’Altedia, conseiller de N. Sarkozy en récoltera des bénéfices conséquents puisque celui-ci gère déjà des sociétés d’intérim. Ce dossier informatique, non seulement recensera les caractéristiques professionnelles du demandeur d’emploi mais aussi personnelles (identité, arrêt maladie, nationalité, etc.) de ceux qui seront fichés. D’un contrôle déjà néfaste pour les chômeurs au vu de l’explosion des radiations, (ce ne sont pas moins de 40 000 radiations par mois sur toute la France), nous passerons à un contrôle sécuritaire pour le patronat. L’ASSEDIC étant un établissement privé géré par les partenaires sociaux (MEDEF, syndicats) la fusion avec l’ANPE service public permettra au MEDEF de gérer la politique de l’emploi. Ainsi, le suivi des demandeurs d’emploi sera confié aux financeurs de l’assurance chômage qui seront donc juges et parties ou ordonnateurs et payeurs, au détriment des chômeurs.
Avec cette fusion tout sera fait pour mettre les demandeurs d’emploi aux ordres du patronat par la pression que France-Emploi instaurera sur eux : suppression des allocations dans le cas de 2 offres d’emploi acceptables refusées et chantage sur leurs données personnelles. Ils seront aussi obligés d’accepter n’importe quel emploi précaire. Ce qu’il est important de souligner, c’est que la notion d’acceptabilité n’est pas définie en l’espèce. En effet ce qui est acceptable pour les uns, peut être inacceptable pour les autres. Autrement dit, c’est bien de la liberté de choix dont on parle ici. Or en définissant l’acceptabilité, ce gouvernement entre dans la contrainte et l’ordre. C’est bien les valeurs de la démocratie et de la république qui sont ici foulées au pied car redéfinissant le STO (Service de Travail Obligatoire). Pour finir de s’en convaincre, il suffit de lire le décret 2007 801 qui oblige les agents ANPE- ASSEDIC à fournir aux préfectures les photocopies des titres de séjour des étrangers, pour détecter les travailleurs sans papiers, transformant ainsi les agents du service public en délateurs.
D’autre part les économies de fonctionnement se feront sur le dos des agents ANPE-ASSEDIC puisque d’ores et déjà des antennes ANPE et ASSEDIC sont programmées pour disparaître. Il est prévu, là aussi, le non renouvellement des départs à la retraite et vraisemblablement le non renouvellement des contrats précaires (CDD).
Ainsi France Emploi donnera naissance à du chômage avant même de fonctionner.
Spipper 33
paru dans "Le décodeur n°6 - mai 2008"