Chômage et permis de résidence

Palestine
mercredi 11 février 2004
par  le réseau d’AC !

Ironie du sort, bien souvent ces équipes de démolition équipées de bulldozers blindés, sont constituées d’immigrants roumains et asiatiques, de plus en plus nombreux, car en temps d’Intifada, l’administration israélienne ne compte plus sur la main-d’Å“uvre palestinienne qu’elle a contraint àprendre des vacances forcées. À Gaza, ce sont 125 000 travailleurs palestiniens qui d’un coup se trouvent empêchés de traverser « la frontière » d’Eretz pour se rendre au travail dans les entreprises israéliennes. Le chômage atteint désormais sur l’ensemble des Territoires 60% de la population active, dont 56 % àGaza. L’écart du niveau de vie qui était déjàconsidérable - le revenu annuel moyen d’un Israélien est de 18 000 dollars contre 1 200 dollars pour celui d’un Palestinien - va encore s’aggraver, avec le cortège de misères que chacun peut imaginer.

Quand le 27 octobre, nous sommes passés devant l’Hôtel Hyatt Regency àJérusalem, venant de l’aéroport de Tel Aviv où nous venions de débarquer, nous avons immédiatement pensé àl’affaire Zeevi (le ministre du tourisme israélien abattu dans cet hôtel par le FPLP une dizaine de jours auparavant), sans nous douter que ce même jour, la direction israélienne de l’hôtel venait de licencier 150 employés palestiniens comme mesure de représailles.

L’administration israélienne, dans sa grande bienveillance, délivre des « permis de résidence  » aux Palestiniens de Jérusalem sans toutefois garantir àl’époux (ou l’épouse) et aux enfants les mêmes prérogatives, et cela bien évidemment, pour des raisons de « sécurité  »... Par exemple, entre 1996 et mai 1999, elle s’est arrangée pour supprimer 2 200 cartes de résident. Tôt le matin, les Palestiniens qui doivent renouveler leur permis font la queue àNablus Road devant le tourniquet métallique d’une des dépendances du ministère de l’Intérieur, qui n’autorise le passage qu’aux élus du jour. Une image familière celle-là, que j’ai vue moulte fois devant les grilles de la Préfecture du Val-de-Marne. C’est le même traitement que l’administration française réserve aux travailleurs immigrés qui doivent renouveler leur permis de séjour. La grande différence entre Nablus Road et la Préfecture du Val-de-Marne, c’est que les Palestiniens de Jérusalem sont bien chez eux depuis toujours et néanmoins ils doivent quémander auprès de l’occupant sioniste le droit d’y résider... Les différents check-points de l’armée (Tsahal), permanents ou volants - et cela en fonction de l’actualité de la répression -, installés sur les routes d’accès de la ville, veillent àce qu’aucun Palestinien non-résident n’y entre illégalement.

- extrait de YOLLANIM (Yollanim, « l’enfer  » en hébreu), lumières et ténèbres en Palestine, impressions d’un voyage en Palestine effectué du 27 octobre au 3 novembre 2001 dans le cadre de la 4ème Mission Civile
pour la Protection du Peuple Palestinien par Manuel Vaz.
- cet article a été publié dans le n° 28 (janvier 2002) des Cahiers Albatroz, « l’organe officiel de la littérature àl’essence de térébenthine  », publication. Rédaction : Boîte postale 404 - 75969 Paris cedex 20 - mail.
- publié sur le site internet Solidarité Palestine.

- la suite de ce carnet de voyage...