La précarité sociale généralisée précarise les institutions politiques :
par
Les résultats du premier tour de la présidentielle sont catastrophiques. La lepénisation des esprits paraît triompher sur fond de consensuelles incantations sécuritaires. On verra ainsi deux escrocs s’affronter au deuxième tour pendant que la loi LSQ (Loi de Sécurité Quotidienne) criminalise les pauvres en promettant la prison à ceux qui utilisent gratuitement les transports en commun ou font salon dans les cages d’escalier. L’un de ces escrocs a abondamment profité de ses privilèges en détournant l’argent public comme il avait su détourner, en 1995, l’aspiration à voir engager une lutte décisive contre les inégalités. L’autre, ayant comme tout un chacun constaté que la « fracture sociale  » dure longtemps, s’approfondit, ose aujourd’hui, malgré son immense fortune issue d’un mixte de successions et d’affairisme, se réclamer effrontément d’une expérience de la misère pour tenter de séduire les déshérités !
Abstention massive des classes populaires et des jeunes, montée des votes critiques, la « gauche plurielle  » est décidément bien mal-à -droite. Car cette catastrophe était annoncée par les mouvements sociaux qui ont jalonnés les années 90, sans jamais être pris en compte par une gauche sourde, parfaitement autiste et béate d’auto-satisfaction. Cette gauche a préféré les bons points décernés par la presse mondiale du buziness aux messages énoncés par sa base sociale, par la population du pays. Décembre 95 a pourtant rappelé aux politique l’impératif du bien commun ; les mouvements de sans papiers ont dés 96 souligné le refus de l’ethnicisation du social et de la discrimination ; les luttes de mal logés ont mis en avant l’exigence d’un droit au logement ; les mouvements de chômeurs et précaires ont clamé haut et fort qu’à l’insécurité sociale devait s’opposer une politique d’égalité, que des droits nouveaux, au revenu garanti, notamment pour les jeunes frappés d’interdiction du RMI, au libre choix de son emploi ou de sa formation, devaient répondre aux incertitudes de la mobilité et du travail précaire qui marque désormais la vie des salariés ; les luttes des licenciés ont refusé le despotisme patronal ; les mobilisations critiques de la mondialisation capitaliste se développent, tout comme les luttes de salarié précaires.
Aucune de ces expressions sociales n’a été sérieusement prise en compte par la classe politique et en particulier par la gauche institutionnelle.
L’hégémonie du Parti socialiste à gauche a conduit celle-ci à se satisfaire de la baisse du nombre des chômeurs pour solde de tout compte, sans parvenir à voir que la précarisation générale, le creusement des inégalités finirait par avoir un coà »t politique. Anecdote éclairante : un chargé de campagne de Jospin (JC Cambadélis) a pu déclarer au mépris de toute vérité comme de ses interlocuteurs, « nous n’allons pas augmenter constamment les minima sociaux  », et défendre l’insoutenable idée que l’éradication de la pauvreté ne pouvait faire l’objet des grandes orientations présidentielles...
À cette surdité arrogante, qui n’est en rien l’apanage du PS, devra encore s’opposer un langage des signes, des prises de parole, des mobilisations, comme l’ont montré le mouvement des piquetéros argentins ou les manifestations italiennes et comme ont commencé à le faire dès hier des milliers de manifestants dans plusieurs villes du pays. Les prochains jours, le 1er mai seront aussi l’occasion de mobilisations massives et déterminées.
Le réseau des collectifs AC ! appelle l’ensemble des salariés, précaires, chômeurs, en poste ou en formation à s’organiser, à rejoindre les collectifs existants à en créer de nouveaux. Le troisième tour a commencé.
voir le dossier « lettre aux candidats  » (avec les réponses !).
- AC ! - Agir ensemble contre le Chômage - 42 rue d’Avron - 75020 Paris - tél. : 01.43.73.36.57 - fax : 01.43.73.00.03 - email.