Prostitution : la répression aux trousses de la prévention...
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A Paris, Lyon, Toulouse, les conditions de vie et de travail des personnes prostituées ne cessent de s’aggraver depuis la Loi de Sécurité Intérieure du 18 mars 2003. Harcèlement policier, contrôles abusifs,
procès, agressions multiples du quidam, clandestinité, insécurité et précarité sont devenus le quotidien de nombreuses personnes, et particulièrement des femmes migrantes. Depuis 1 an, la persécution est de rigueur.
Mais ici comme ailleurs, la répression n’arrête pas le progrès. A Lyon, les policiers suivent aujourd’hui le bus de prévention de Cabiria et arrêtent les femmes quand elles en descendent, à Toulouse ils ont poursuivi une femme prostituée jusque dans les locaux de Grisélidis.
Nous trouvons inadmissible de vouloir réduire à néant 10 ans de travail de terrain. Nous trouvons inadmissible de mettre en péril une mission de santé publique. Nous trouvons inadmissible de fliquer des agents de prévention sous prétexte de mieux fliquer les personnes prostituées.
Dans le contexte actuel, ce genre de comportements prend le caractère délictuel de mise en danger d’autrui. Car comment ne pas imaginer les conséquences désastreuses de ces filatures ostentatoires ?
Hypothéquer un des seuls espaces qui préserve les personnes prostituées des contrôles, des humiliations, des violences, c’est les clouer au pilori et les pousser à la clandestinité totale.
Venir délibérément parasiter un lieu d’écoute où l’on ne juge ni ne condamne pas plus à l’aune de la loi qu’à celle de la morale, c’est les abandonner à la haine et les vouer au mépris.
Mettre en porte à faux notre action de prévention en lui collant un gyrophare sur le dos, c’est faire le lit de la prise de risques, c’est jouer avec le feu et interdire les pompiers.
Pour toutes ces raisons, nous tenons à rappeler haut et fort qu’un bus de prévention n’est pas plus un éclaireur qu’il n’a besoin de voiture balai.
La police cherche-t-elle à amasser les preuves matérielles en vue de nous dresser un procès-verbal pour association de « bienfaiteurs  » ou pour convivialité en bande organisée ?
Ou plutôt, comme d’autres naguère, à détourner notre soutien des personnes prostituées pour nous qualifier de souteneur ?
Mais la réponse ne tiendrait-elle pas dans leur façon de faire : se rendre visible pour nous faire "disparaître". Mais ne nous y trompons pas... En visant la prévention, c’est bel et bien les personnes prostituées qu’ils cherchent encore une fois à atteindre.
Aujourd’hui délinquantes, les personnes prostituées sont soumises à une escalade de violences aux conséquences sanitaires et sociales désastreuses. Nous rappelons encore que notre travail de prévention ne
peut guère résister aux violences, à l’insécurité physique et psychique, à la clandestinité, à l’humiliation et à la dévalorisation de soi,
incompatibles avec le souci de protection de soi et des autres.
Nous dénonçons tout cela, car nous ne nous laisserons pas submerger par le découragement face à ce gâchis.
CABIRIA et GRISELIDIS , actions de santé communautaire auprès des personnes prostituées, à Lyon et Toulouse.
site web de Cabiria.