Moins de chômeurs = Plus de RMIstes ... CQFD !
par
Avant même les questions de sécurité que la droite et l’extrême droite essaient de remettre au premier plan, la principale préoccupation de nombreux français est l’emploi. Les gouvernants le reconnaissent et se démènent comme des beaux diables pour faire baisser le chômage. Le principal indicateur sur lequel on focalise l’attention du public est un taux officiel de chômage qui calcule un pourcentage de personnes qui recherchent activement un emploi à plein temps.
Une authentique réduction du chômage passe par la création nette d’emploi. Dans une période donnée, les emplois nouvellement créés doivent être plus nombreux que les emplois détruits (ce que les économistes appellent la " destruction-créatrice "). Par malheur, en ces temps de mondialisation libérale débridée, les entreprises privées ne créent pas ou peu d’emplois nouveaux et elles ont une fâcheuse tendance à détruire les emplois traditionnels en les délocalisant. Toutes les mesures soi-disant " incitatrices " à la création d’emploi, constituent des effets d’aubaine pour les employeurs mais n’entraînent pas d’emplois vraiment pérennes. Autrement dit, malgré des circonstances démocratiques tout à fait favorables liées au départ en retraite des générations du " baby-boom " d’après-guerre, la règle du jeu dominant empêche une véritable amélioration et conduit l’actuel gouvernement à des manipulations sordides pour donner l’impression d’une amélioration qui est en fait illusoire. Comme les charlatans incapable de faire baisser la fièvre, on bricole le thermomètre pour apaiser le malade.
Le soi-disant " recul du chômage " dont se vante à grand renfort de communication le gouvernement Villepin résulte en fait d’expédients :
1) Des radiations accélérées des listes de l’ANPE (on exerce une pression extraordinaire sur le personnel de l’ANPE pour qu’il radie un maximum d’allocataires et sur ces derniers pour qu’ils acceptent n’importe quel travail ou des stages non rémunérés -dits de retour à l’emploi- qui les font disparaître des statistiques et fournissent du travail gratuit à des employeurs peu scrupuleux)
2) Des contrats aidés du plan Borloo (une forme de traitement social du chômage qui n’est pas totalement dénuée de mérite même si elle n’est guère satisfaisante pour les " bénéficiaires ")
3) du transfert d’ex-allocataires, en fin de droit d’assurance chômage, vers d’autres dispositifs, comme l’Allocation Spécifique de Solidarité (ASS) ou le Revenu Minimum d’Insertion (RMI).
Résultat : selon les dernières statistiques de la caisse d’allocation familiales, le nombre de RMIstes a augmenté de plus de 5 % entre septembre 2004 et septembre 2005 alors que celui des demandeurs d’emploi ne reculait -officiellement- que de 2,6 %. Actuellement la France compte plus de 1,2 millions de personnes qui n’ont d’autres ressources que le RMI -un niveau jamais atteint depuis la création du dispositif en 1988.
La situation est devenue particulièrement alarmante cet été : entre mai et septembre, le nombre de bénéficiaires du RMI a progressé de 2%, une conséquence directe de la réforme de l’UNEDIC qui, en réduisant la durée d’indemnisation des demandeurs d’emploi, a renvoyé la catégorie la plus faible des chômeurs de la case ASSEDIC à la case RMI. Depuis les mesures de décentralisation, ce tour de passe-passe statistique, permet également de " refiler le bébé " aux conseils généraux. Malgré l’enveloppe de 5,4 milliards d’euros consentie par l’Etat, les départements sont déficitaires et se voient contraints d’augmenter à la fois les impôts locaux et la pression sur les allocataires de ces minima sociaux.