Répression judiciaire contre les chômeurs

Argentine
samedi 19 mars 2005
par  le réseau d’AC !

Il y a quelques mois, les députés de la ville de Buenos Aires ont voté un nouveau « code pénal  » (Codigo de Convivencia) de la ville, beaucoup plus répressif que le précédent, visant en particulier les protistitués, les vendeurs de rue et les manifestants en général, avec comme cible privilégiée, les « piqueteros  », ces chômeurs qui exaspèrent la classe moyenne en coupant régulièrement la circulation.

En raison d’une mobilisation réalisée le 25 janvier dernier, avec « arrêts  » face àun Burger King, àun restaurant sélect et àun casino, dont le but était de demander du travail et des rations de nourriture, le leader du Mouvement Indépendant des Retraités et des Chômeurs (MIJD), une des composantes du mouvement piquetero, Raul Castells, àla personnalité très controversée y compris au sein de la « gauche  » argentine, a été arrêté. Il est inculpé d’entrave àla libre circulation de personnes (entrées et sorties de ces locaux) et d’avoir occasioné de « sérieux inconvénients dans la circulation  ». Il est ànoter cependant que le nouveau « code pénal  » de Buenos Aires ne qualifient pas ces faits de délits s’ ils sont commis avec une « déclaration préalable aux autorités compétentes  » ou si l’action est effectuée « dans l’exercice d’un droit constitutionnel  » (sic).

Ce n’est pas la première fois que Raul Castells a des « problèmes  » avec la justice, il est déjàinculpé « d’extorsion  » envers un MacDonald’s et un casino. Le procureur Lapadu a indiqué que ces délits pourraient entraîner une condamnation à15 jours de travail d’intérêt général ou àune amende de 3 000 pesos, ainsi que d’interdiction de participer àune manifestation.

En réalité, le nouveau « code pénal  » voté par le « parlement de la ville de Buenos Aires  », majoritairement àdroite, avec quand même la collaboration des autorités municipales « kirchnéristes  », est une tentative d’en finir ou tout du moins de limiter les manifestations des piqueteros dans la ville. Leur exiger une autorisation préalable, outre l’aspect « humiliant  » de la chose, contient en soi la possibilité que cette autorisation soit refusée et donc un danger de répression plus élevé.

Néanmoins, comme tout ce qui touche àla justice dans ce pays, il y a un fort degré de politisation encore une fois dans cette affaire. Certains y voient la patte de Kirchner, d’autres celle de la droite ou des opposants au président. On peut juste constater que le même procureur àl’origine de l’inculpation s’est déjàillustré dans un cas de figure similaire.

Mi-février, il avait demandé àla police de « désarmer  » par la force des manifestants encagoulés et munis de ... bâtons. Sa consigne n’avait pas été prise àla lettre et après négocaition avec le commissaire, les manifestants s’étaient retirés. A cette occasion, le procureur Lapadu s’était plaint de l’attitude de la police en menacant le responsable. Il avait aussi critiqué la politique de la Présidence de la République visant d’après lui àéviter des épisodes de violence (!!!). « C’est gravissime que le gouvernement recommande aux forces de sécurité de ne pas faire respecter la loi  ».

Buenos Aires, 18 mars 2005
Fab (santelmo chez no-log.org)