Euromayday 2005 : compte rendu de la rencontre àBerlin

Allemagne
dimanche 23 janvier 2005
par  le réseau d’AC !

EuroMayday 14-15-16 janvier, réunion européenne àBerlin compte rendu rédigé par Chrystelle et Xavier d’AC !, Jean-Baptiste (CIP-idf) et Tom (Droits devant !).

Une vingtaine de collectifs étaient présents. Des collectifs de précaires aux multiples visages (free lancers slovènes, intermittents français, étudiants romains, soutiens aux sans-papiers d’Angleterre...)

- Pays représentés :

  • Finlande (No border)
  • Danemark (Copenhague, Global roots)
  • France (CIP-idf, AC !, Samizdat, GISTI, Paris dissident)
  • Italie (Chainworkers-milano, reload pergola-Milano, global radio-padova, sapienza pirata-Roma, invisibile nordest-Trieste, Cobas, Tavolo migranti)
  • Angleterre (Wombles)
  • Suède (Suf, swedish anarchosyndicalist youth federation)
  • Slovénie (mouvement des journalistes indépendants et des free lancers)
  • Espagne (groupes de Barcelone et Séville)
  • Belgique (Liège, groupe bruxellois en exil hors de Bruxelles, cause répression)
  • Allemagne (FelS, groupe invitant, Women Forum, ACT !)
  • France-Italie-Espagne-Allemagne : collectif Frassanito
    Hollande (flexmens-Amsterdam)
    Etc.

- Samedi 15 janvier

  • Matin : Analyse collective de la réalité du précariat.

Après une introduction proposée par les allemands (FelS), chaque groupe invité livre son analyse au sujet de la transformation du travail salarié, àpartir de ses propres pratiques.

Intro : une des caractéristiques de la précarité est l’invisibilité. Les normes de travail ont changé.

    • Helsinki : En Finlande, nous sommes sur des pratiques de désobéissance, de squat...
      La Finlande garde un système de protection social relativement préservé par rapport aux pays du sud de l’Europe : elle veut cependant devenir plus compétitive, cela va se traduire par la coupe de tous nos droits. Notre difficulté vient du fait que peu de gens s’organisent pour l’heure sur la question de la précarité.
    • Danemark : Nous commençons ànous interroger sur la précarité. La situation danoise est différente de celle en Europe, mais les conditions sociales vont changer au Danemark. D’ores et déjàles contrats de travail commencent àchanger : ils deviennent plus courts. Nous risquons de perdre la relative "sécurité" des droits sociaux actuels.
    • Cip-idf : Nous sommes partis en mouvement lors de l’attaque du régime de protection sociale qui nous régissait. Notre activité a une spécificité qui est celle de la discontinuité, de la polyvalence, de la disponibilité, de la mobilité. Nous nous étions posés la question de la grève, surtout en-dehors de la période des festivals : comment faire grève ? Nous avons donc multiplié les actions d’occupation, d’évaluation, de proposition. Face àune politique de contrôle et de culpabilisation, nous pensons qu’il faut constituer de nouvelles forces pour lutter et élaborer des propositions concrètes (enquête, proposition de système d’indemnisation, occupation de l’espace public - et àce titre proposition d’un rendez-vous européen commun après le 1er mai...)
    • Italie (Chainworkers-un des groupes phares dans l’organisation de la mayday milanaise : cf web) : Mise en réseau différents groupes pour nous rendre plus visibles.
    • Amsterdam : la privatisation du logement social s’accentue. Les problèmes de logement sont l’une des caractéristiques de la précarisation de nos conditions d’existence.
      La tenue du Premier forum de la précarité àAmsterdam pour l’organisation de l’EuroMayday 2005 le 12 février 2005 permettra d’entamer un processus autour de l’EuroMayday.
    • Londres (Wombles) : en l’espace de vingt ans, le travail précaire s’est généralisé. De moins en moins les syndicats ont eu connections avec les jeunes, les migrants...
      Les luttes se sont développées, mais plutôt comme stratégies individuelles.
      En décembre, une journée sur la précarité a eu lieu àLondres, àl’initiative des Wombles. Elle a abouti àla création d’un réseau d’individus contre la précarité. Le projet actuel est de mutualiser les résistances, de mettre en commun les expériences d’autodéfense sociale àtravers la mise en place d’un centre de ressources, sur le modèle d’une expérience au Canada (Direct Action Case Work.)
      Les brochures doivent être traduites en plusieurs langues pour toucher la population des migrants.
      Une campagne récente des Wombles a concerné les contrats précaires d’ouvriers du bâtiment (occupation d’une cantine ...).
      Il est important de lier les différentes formes de précarité : la précarité existe aussi dans les forteresses du travail - sous forme notamment d’introduction de nouveaux contrats-, où existent des traditions de luttes.
    • Invisibile Nord Est : a précarité sociale a d’abord été invisible ; nos luttes l’ont rendue visible. L’accès aux différentes ressources : transports, logement est une ligne de lutte essentielle.
      La précarité - le précariat - est une chaîne de différentes formes de précarités : les luttes des différentes subjectivités - migrants contre les centres de rétention... bloquadas, occupation, grèves, sont liées.
      La mobilisation pour la libre circulation du 2 avril doit être intimement liée àl’EuroMayday.
      Pour information : les « invisibile del nordest  » ont rejoint la mayday 2004 accompagné d’un cortège de travailleurs migrants bangladais « auto-organisé  » des chantiers navals de monfalcone/ils ont travaillé de manière trasfrontalière avec les collectifs slovènes qui se sont mobilisés durant l’entrée de la slovénie dans l’UE autour de ceux (« les effacés  ») qui n’avaient pas obtenu la nationalité slovène après l’indépendance ; et sont actuellement mobilsé contre la construction d’un nouveau centre de rétention à10 km de la frontière slovène - àGradisca/manifestation le 26 février).
    • Slovénie : point sur les récentes réforme en Slovénie - depuis les élections d’octobre : dans le secteurs des services et des medias, les free lancers (journalistes indépendants et travailleurs flexibles) se sont mis en mouvement en riposte àla réforme fiscale et pour la libre expression (contrôle des medias). Ce mouvement redéfinit l’espace public, et souhaite élargir le conflit social àl’Europe, et non pas rester l’échelle nationale. A. a souligné l’importance pour eux d’un rendez-vous européen commun, car il est difficile d’organiser la mayday en Slovénie - de plus, tradition socialiste - c’est une période de vacances. Les slovènes s’étaient joints àla mayday milanaise l’an dernier.
    • Rome (sapienza pirata-Roma) : le problème du savoir est central. Le langage, les relations, les affects... caractérisent le conflit du travail. Il ne suffit pas de partager nos propres expériences, il faut produire notre propre langage, passer àune autre étape et commencer àagir ensemble.
    • Berlin (féministes) : Nous avons besoin de construire un mouvement social.
      La peur est utilisée pour mieux nous contrôler, dans le système néo-libéral posé comme modèle de liberté.
    • Milano - A. Foti : les médias sont saturés de discours sur la précarité. Le problème c’est que nous n’arrivons pas àparler nous-mêmes de la précarité. Comment articuler toutes les particularités (femmes, sans-papiers...) ?
    • Cobas : syndicat de base. Les Cobas défendent, àl’intérieur du réseau pour les droits et le revenu, un salaire social chiffré àenviron 1000 euros, le droit au logement...
      Le Mayday est une étape importante.
      Pour information leur communiqué berlinois sera prochainement traduit et donné sur la liste mayday cip.
      Précarité et migration sont intimement liées. Avec la loi Bossi Fini, le droit au séjour est dépendant du contrat de travail.
      Les réformes de l’éducation (école, université) induisent de plus en plus de précarité.
    • Liège : la Belgique connaît les mêmes attaques contre les droits des chômeurs que celles qu’a connu l’Allemagne àtravers le plan Hartz.
      Le collectif liégeois est un collectif auto organisé.
    • AC ! : en résumé, réseau de collectifs ; permanences juridiques et sociales ; campagnes pour l’accès aux fluides ; transports ; revenu ; logement. Mobilisation des recalculés pour contre l’amputation rétroactive de leurs revenus en 2004 ; attaques européennes contre les droits : se sont traduites en France par la mise en place du Rma, la loi Borloo... En 2005 a lieu la renégociation de la convention d’assurance chômage ; marches au printemps...
    • Allemagne - ACT ! : mènent des campagnes contre les emplois payés 1 €uro ; ils ont intitulée leur campagne « les superflus  », pratiquent les réquisitions de richesses.
    • Suède : militent pour le droit au transport gratuit, pour le droit au logement, l’antiracisme.
      Commencent une campagne sur les jobs d’été ; vont essayer de lier cette campagne au processus de l’EuroMayday.
    • Tavolo Migranti : la politique de gestion des migrations est la première étape de la précarisation des travailleurs.
      Au sein du réseau Frassanito, Tavolo migranti prépare la journée du 2avril 2005.
  • Après-midi : deux groupes de travail (préparation EuroMayday et journée du 2 avril)
    • Groupe de travail EuroMayday
      • 1) Processus Barcelone, Milan
      • 2) Où en sont les projets d’EuroMayday 2005 ?
      • 3) Questions pratiques

Diverses questions ont surgi au cours de la discussion :

Difficulté de trouver un objet commun, une définition commune : certains pensent qu’on ne peut pas unifier toutes nos spécificités sous le simple nom de précariat ; comment articuler commun et multiplicité de situations ?
L’EuroMayday est conçu comme un espace que traversent notamment deux formes : la parade (expression de la nouvelle composition sociale de la précarité, de sa multiplicité) ; le processus de préparation, qui est un processus commun, de production aussi de commun (langage...)
La précarité est vue comme une condition structurale des conditions de vie, au-delàdu travail.
Comment produire du commun sans étouffer les hétérogénéités ? A partir de nos expériences multiples, de l’expertise de nos situations de précarités (conditions de travail et de vies) nos coopérations permettent la production de commun (langage...).
Il ne s’agit donc pas de soustraction, mais d’ouverture à, voire de renforcement de la multiplicité des formes de précarités, des définitions de nos besoins àpartir de nos propres expériences.
Ainsi partir d’un objet concret comme une enquête, nous permettrait de montrer en quoi tout converge dans nos problèmes de précaires, d’élaborer des propositions communes.

L’espace politique européen est notre espace, il pourrait devenir un espace politique où nous pourrions produire, tenter le conflit politique.
L’EuroMayday est, plus qu’un évènement, un processus.

  • 1) Processus Barcelone, Milan

1er mai 2004 :

    • en Italie : actions le matin (centres commerciaux, supermarchés, lieux de la précarité...)
      Mise en exergue de la précarité comme condition... l’espace créé, ouvert, a accueilli des non militants.
    • Barcelone : des questions se posaient sur l’EuroMayday : a-t-on besoin d’un processus ou d’un évènement ?
      La manif elle-même a été plutôt un échec. La manif a traversé la ville, traçant une cartographie autre que la cartographie touristique.
      En tant que processus, l’EuroMayday s’est avéré être plutôt un succès : l’évènement EuroMayday a préfiguré des discussions et échanges autour du thème de la précarité (des migrants - Assemblée pour la régularisation sans condition, Barcelone - ont occupé une cathédrale après le 1er mai, et l’assemblée a échangé sur ce thème.)Et c’est làque réside l’intérêt de ce processus.
      Une assemblée Mayday devrait avoir lieu dans 15 jours, pour poursuivre le travail entrepris àMalaga.
  • 2) Où en sont les projets d’EuroMayday 2005 ?
    • Hambourg : une parade est prévue en début de soirée, qui se terminera par un concert. Les berlinois ne prévoient rien àBerlin : possibilité de se rendre àHambourg..
    • Paris : actions le matin, parade l’après-midi. En lien avec les Marches ; le 2 avril.
    • Séville
    • Barcelone
    • Copenhague (àconfirmer)
    • Milan
    • Amsterdam : actions probablement -les choses seront plus claires après le forum du 12 février.
    • Londres : actions
  • 3) Questions pratiques

- Il y aura un appel européen commun, ainsi qu’un manifeste.
Chacun produira son propre matériel. Idée de trouver un logo commun, ou une affiche commune, personnalisables. Le groupe qui a réalisé les affiches l’an dernier proposera de nouveau qqch mais qui veut proposer des choses... une charte graphique commune sera proposée également.
- Semaine ou journée d’action pour lancer le Mayday 2005 : àprévoir mi-avril.
- Lien journée d’action du 2 avril et 1er mai.

    • Groupe Journée du 2 avril

Présents : réseau Frassanito, Tavolo Migranti (Italie), Kanakatak (Allemagne), Act Up, Gisti, Droits devant (France)...

Aucun groupe de migrants auto-organisés n’était présent. Une autre réunion de préparation du 2 avril était organisée ce jour làpar the Voice -collectif allemand de migrants-. Par conséquent, aucune décision concrète ne pouvait être prise quant au 2 (le 9ème collectif qui devait être présent occupait la fédération du parti socialiste près de Paris).

Tout d’abord a eu lieu une brève présentation de la première journée d’actions du 31 janvier dernier : la thématique était contre les centres de rétention et pour la régularisation des sans papiers.
Sandro Mezzadra, du réseau Frassanito, propose la thématique de cette année : la liberté de circuler et la liberté de s’installer.

Dans 50 villes européennes ont eu lieu des mobilisations le 31 janvier ; mais le manque de communication (pas de site internet, pas de logo ou d’affiche communs) n’ont pas réussi àdonner une véritable dimension européenne àcet évènement.
Le 2 avril, l’idée est de participer àla construction des luttes, de proposer des stratégies qui participent àun processus unitaire.
Par exemple : occuper des lieux ensemble. S’intéresser àla précarité comme outil qui peut permettre d’unifier les luttes - il y a différentes formes de précarité, celle des migrants, celle d’autres précaires... mais ce dénominateur commun appelle des luttes multiformes, qui permettent de faire émerger les différentes formes de précarités et des stratégies communes.

Les travailleurs migrants doivent être au centre de la mobilisation : force est de constater qu’il est souvent difficile de faire le lien entre luttes des migrants et des autres précaires. Dans le cas du travail des migrants il s’agit de précarisation de la précarité, puisque les migrants, en situation illégale, sont déjàdans des situations de précarité. Et l’harmonisation des législations au niveau européen les précarise encore plus.

Le 2 avril 2005, l’idée est de rendre visible la diversité des luttes qui se construisent en Europe... en se concentrant sur certains aspects de ces luttes -tout ne pouvant être mis en exergue.

Deux propositions ont été faites :

- mise en place d’un site web permettant les échanges d’idées, les interactions pour lier les luttes.
- se concentrer le 2 avril sur trois revendications essentielles : la liberté de circulation, la liberté d’installation, la liberté du travail.

Le travail des migrants est difficilement représentable : l’un de nos intérêts est de comprendre le travail des migrants en tant que pièce du puzzle du précariat européen. De lier donc cette journée d’actions àl’EuroMayday, qui met en exergue la précarisation du travail et de la vie.
Une ou des conférences de presse le 2 avril pourraient servir àlier les thèmes de l’exploitation des migrants et la précarisation générale subie en Europe. Ceci en lien avec l’idée de définir, construire la notion de citoyenneté européenne.
Pour le 2 avril, volonté aussi de toucher le plus possible l’extérieur - traductions en plusieurs langues de l’appel...

Maintenant reste àéchanger avec les participants au 2 avril sur les propositions d’affiche commune, de site internet, et de lien entre le 2 avril et l’EuroMayday.


- Dimanche

Synthèse et prospectives

  • Les actions du 2 avril et du 1er mai sont liées
  • Sur la liste mail, toutes et tous sommes sollicités pour un « concours  » de graphiques et de slogans... avec l’idée de trouver si possible un logo commun, personnalisable.
  • Les participants ont terminé la rencontre par le choix d’un nom provisoire : EuroMayday Network (réseau EuroMayday.)
  • La prochaine réunion européenne aura lieu àParis (12-13 mars) àla coordination des intermittents et précaires d’Ile de France - proposition qui passera en AG le 24 janvier.

Au programme :

- discussion de la journée (ou semaine d’action) de lancement de l’EuroMayday 2005 mi-avril.
- conférence de presse commune ou conférences de presse coordonnées àl’occasion du 2 avril pour annoncer l’EuroMayday du 1er mai.
- finalisation du manifeste et du texte d’appel européens- ils seront auparavant diffusés sur la liste. Bien entendu, tous autres groupes diffuseront leur propre matériel, leurs propres affiches...
- la suite : global beach àCannes, Paris, ou ailleurs... G8 en Ecosse (organisation de débats sur la précarité dans les villes d’Ecosse)... séminaire européen sur la précarité àAvignon...


Documents joints

Compte rendu intégral
Compte rendu intégral