Campagne nationale contre l’État du contrôle
par
Nous vous proposons une mobilisation large de tous les mouvements touchés par la répression en automne 2004. Les signataires de cet appel sont convié-e-s à une séance de préparation de la mobilisation le 3 septembre à 18 h 30 à la Reithalle de Berne.
Début juillet, le groupe de coordination du FSS a discuté de la question de la répression grandissante, prise dans son sens le plus général : pas seulement dans la rue contre les manifestations ou les jeunes, mais
aussi contre les chômeurs(euses), les demandeurs d’asile, les bénificaires de l’aide sociale ou encore de l’assurance invalidité. Il n’est pas une coincidence que les politiques de ces quatre dernières catégories de la population ont toutes été « réformées  » (dans certains
cas pour la nième fois) cette dernière année. Et il s’agit chaque fois de donner la priorité au contrôle et à la contrainte, et à réduire les prestations avec amendes, sanctions, voire emprisonnement arbitraire
pour ceux et celles qui ne se conforment pas, qui n’acceptent pas le workfare proposé, etc.
Sans parler de la criminalisation grandissante du mouvement syndical lui-même !
Simultanément, les nouvelles politiques sécuritaires de « tolérance zéro  », en alourdissant les peines font déborder les prisons à Genève comme à Zurich. Réponse des autorités : rajouter un étage à Champdollon [prison de Genève].
Le manifeste ci-dessous, élaboré l’année dernière, présenté pendant la réunion de juillet résume bien cette situation. Elle a été él aboré l’année dernière par une coordination nationale de groupes, d’abord concernée par l’impunité policière à Davos, au G8, etc., mais qui s’est vite rendu compte qu’il fallait élargir le cadre pour créer une solidarité efficace et pour faire comprendre qu’il s’agit d’une politique du pouvoir menaçant les droits de l’ensemble de la société.
Ce groupe propose de développer une campagne large pendant l’année qui vient, cumulant sans doute avec un évènement central juste avant ou après le Forum Social Suisse en juin prochain. Mais il ne s’agit pas d’attendre cette échéance ! Au contraire, il faudrait commencer de réunir des représentants des divers mouvements attaqués pour voir de quelles solidarités concrètes peuvent être développées d’ici là .
Une réunion est donc agendée à Berne pour soir du vendredi 3 septembre 18 h 30. Le lieu exact sera précisé dans la convocation officielle qui suivra sous peu.
par Olivier.
Manifeste contre la violence et l’arbitraire policiers, la surveillance et le sécuritarisme.
Ce texte est autant un manifeste qu’un appel. Un manifeste, car à travers lui nous voulons témoigner de notre conscience aiguë de l’urgence de s’élever contre un projet néolibéral inégalitaire et répressif, un appel car des pans entiers de nos mouvements sont criminalisés - voire assimilés au « terrorisme international  ». Les protestations légitimes sont toujours
confrontées à plus de violence de la part des forces de sécurité.
Chaque jour davantage, les conditions d’existence de la population se dégradent. Chômage, démantèlement des protections des travailleuses et travailleurs, pénurie de logements, mise en cause de l’accès à la
formation, renchérissement des frais de santé à charge des malades,réduction des prestations sociales, création et élargissement de zones de non droit. Ceci touche notamment les personnes au statut précaire, particulièrement les personnes migrantes. L’offensive
néolibérale vise la destruction du système de sécurité social et la réduction du rôle de l’Etat à ses fonctions de contrôle : police, justice, défense militaire, faisant table rase de nos droits sociaux.
Cette idéologie renforce de vieux mécanismes d’exploitation de classe et de discrimination raciste et sexiste. Dans le but d’assujettir les populations de plus en plus précarisées à l’impératif du profit pour les plus riches, l’offensive néolibérale déploie actuellement à l’encontre des populations précarisées une vaste opération de disciplinarisation, par des moyens législatifs, bureaucratiques, policiers et judiciaires.
Travailleur-euse-s, chômeur-euse-s, pauvres, étranger-ère-s sont menacé-e-s dans leurs moyens d’existence par un système de plus en plus serré d’encadrement, de contrôle et de sanction, voire d’expulsion du territoire national. La politique est inféodée à l’économie, le patronat peut donc se servir à loisir d’une main-d’oeuvre sous contrainte, aux conditions qui lui plaisent.
Comme par le passé, c’est aux syndicats que les appareils de répression étatique s’attaquent : peines de prison avec sursis pour les organisatrices-teurs du 1er mai à Lausanne pour avoir entravé la circulation des transports publics en modifiant le parcours prévu, violente intervention de la police antiémeute contre un piquet de grève chez Allpack à Bâle campagne en décembre 2003. Les droits sociaux et les libertés fondamentales, n’ont jamais été offerts gracieusement par les classes dominantes. Ils ont été conquis à la suite d’âpres luttes et d’énormes sacrifices par les classes dominées, qui ont dà », souvent, s’écarter de la voie légaliste pour y parvenir. Nous avons pu croire que ces droits étaient désormais acquis. Or, il n’en est rien.
Nos conditions d’existence sont attaquées, nos libertés d’opinion, d’expression, de réunion et de mouvement le sont également.
Voici une liste (non-exhaustive !) de graves événements survenus cette dernière année. La police se
justifie par la prétendue violence des manifestant-e-s.
Pourtant dans les vingt dernières années, les moyens d’actions des mouvements n’ont pratiquement pas changé, tandis que la police a massivement augmenté ses
ressources et que ses interventions causent de plus en plus souvent des lésions corporelles graves.
- World Economic Forum (WEF), 25/1/03 : tentative de fichage de masse à Fideris, puis tir de balles en caoutchouc contre un train à Landquart (plusieurs blessés).
- Gare de Genève, 29/3/03 : violente attaque de la police anti-émeute contre des manifestant-e-s dont une syndicaliste défigurée par une balle marquante.
- Aubonne, 1/6/03 : mise en danger de la vie. Sur l’autoroute, un policier coupe la corde retenant deux activistes, suspendu-e-s à un pont, qui bloquent l’arrivée des délégations du G8. L’un d’eux fait une chute de 20 mètres et aura des séquelles à à vie.
- Genève, 1-3/6/03 : lors du retour de la grande manifestation anti-G8 à Genève, la police tire une grenade assourdissante sur un journaliste, ce qui lui arrache une grande partie du mollet. A cette occasion, les manifestant-e-s subissent des perquisitions illégales et des ratonnades par des policiers masqués utilisant des armes illégales (barres de fer), prise en otage et tentative de fouille d’une manifestation pacifique, etc.
- Berne, 16/12/03 : un tir rapproché de balles en caoutchouc atteint un organisateur d’un rassemblement anti-militariste à l’oeil. Bon nombre de personnes ont été éborgnées par la police ces dernières années en Suisse, dont un syndicaliste de CoMedia.
- Zurich Kloten, 24/1/04 : mutilation grave lors d’un sit-in pacifique contre le WEF. La police frappe un manifestant à coups de bottes, ce qui lui fracture le genou et occasionnera plusieurs opérations
- Landquart, 24/1/04 : un train revenant d’une manifestation contre le World Economic Forum à Coire est bloqué par des polices suisses et étrangères, et vidé à coup de gaz lacrymogènes, grenades assourdissantes, balles en caoutchouc, sprays au poivre et matraques. Les canons à eau sont également utilisés par moins cinq degrés. Les passagers-ères, dont certain-e-s sont blessé-e-s et empêché-e-s de recevoir des soins immédiats, sont retenu-e-s sans nourriture, sans eau et dans l’obscurité, mouillé-e-s, pour une durée allant jusqu’à sept heures. 1 082 personnes sont fouillées et fichées.
Les luttes de nos mouvements se heurtent à une répression de plus en plus large et brutale. Pour contrer la contestation, les pouvoirs en place font
appel à tous les moyens disponibles. La police outrepasse ses fonctions avec la bénédiction du politique, punissant les résistances de façon
extrajudiciaire et dans l’impunité la plus totale. Parallèlement, se banalisent la militarisation (5 000 soldats ont été utilisés à Davos pour assurer la sécurité du WEF) et le recours à des forces de police étrangères. Il en va de même concernant l’usage d’armes de la part de la police, ainsi que l’introduction de nouvelles armes (gaz toxiques, Tazers au choc électrique paralysant, flashballs, etc.).
Le droit de manifester est particulièrement malmené. Droit fondamental, il est l’une des formes de l’exercice des libertés d’opinion, d’expression et de réunion. Il est d’importance centrale : les droits fondamentaux, politiques et sociaux ont été conquis par le biais de manifestations, autorisées ou non. De ce fait, il est l’une des principales cibles des attaques actuelles.
Sous le prétexte souvent invoqué des risques réels ou supposés de dommages matériels, révélant un penchant clair dans la pesée des intérêts en jeu, le droit de manifester est désormais l’objet de restrictions graves. Un projet de loi genevois légaliserait le fichage de manifestant-e-s, l’interdiction arbitraire de manifester, la responsabilité financière automatique des organisateurs pour tout dommage survenant en marge de la manifestation, et pour les retards causés aux transports publics. Bref, l’adoption de cette loi rendrait l’exercice du droit de manifester pratiquement impossible.
Dans ce contexte et pour toutes ces raisons, nous, organisations et individu-e-s, soussigné-e-s, appelons à la lutte pour la défense des droits sociaux et des libertés fondamentales.
Nous exigeons :
- l’abolition des systèmes de contrôle et de sanction des populations ;
- l’interdiction du fichage politique des militant-e-s, des velléités d’écoutes préventives et de séquestration de matériel, notamment dans le cadre de l’actuelle révision de la loi sur les mesures de sà »reté intérieure
(LMSI) ; - le respect du droit de manifester, notamment l’abandon de pratiques telles que la fermeture des frontières et l’établissement de l’état de siège à l’occasion de chacune des rencontres des auto-proclamés « Global Leaders  » ;
- l’arrêt de l’intervention de l’armée, à des fins de maintien de l’ordre intérieur, et de l’utilisation d’armes dites non-létales (matraques, gaz lacrymogènes, grenades assourdissantes, canons à eau, balles en caoutchouc, balles marquantes, etc) ;
- la cessation immédiate de l’intimidation politique et du harcèlement judiciaire contre des militant-e-s dans l’exercice de droits fondamentaux ;
- la fin de l’immunité pour la police, ce qui pourrait être concrétisé par la mise sur pied d’enquêtes indépendantes et des matricules visibles ;
- une possibilité de contrôle et d’accès aux lieux d’activités policières.
Berne / Lausanne, Juin-17-2004.
Premières organisations signataires : groupe antirépression (GAR) Lausanne, Parti Ecologiste de Berne (PEB), Coordination Anti OMC (Berne, Lausanne, Ticino), Movimento dei Senza Voce (TI), groupe Bélier (JU), Gruppo Anarchico Bonnot (TI), rEESPire (VD), Collectivo Zapatista Lugano, Génération POP (VD), CSA il Molino (TI) ; Association de défense des chômeuses et
chômeurs Lausanne (ADC), Sozialistische Alternative, Basel, OSL Lausanne.
- Décembre 2003, Bâle campagne, site CoMédia
Le patron de l’entreprise Allpack décide de dégrader gravement les conditions d’engagement et de travail du personnel. Ce dernier se met en grève, soutenu par le syndicat CoMédia. Le 1er décembre, la police intervient : un piquet de grève d’ouvriers et ouvrières est évacué par des policiers en tenue anti-émeute. Il est fait usage de menottes, trois femmes sont blessées, 35 personnes sont arrêtées. - Janvier 2004, Landquart, www.indymedia.ch, www.pigbrother.org, www.danielejenni.ch , www.danielejenni.ch.
Une manifestation se déroule à Coire contre la tenue à Davos du World Economic Forum (WEF), club privé réunissant des décideur-euse-s économiques et politiques pour le grand malheur des peuples. Au retour de Coire, un millier de personnes sont violemment brutalisées par la police à la gare de Landquart, transformée en véritable camp de sécurité entouré de hautes
barrières en métal. Sans aucune sommation, une multitude d’agents de différentes polices suisses et étrangères (autrichienne et allemande) en tenue antiémeute ont forcé tout le monde à descendre du trains utilisant gaz lacrymogènes, grenades assourdissantes, balles en caoutchouc, sprays au poivre et matraques. Lors de cette intervention plusieurs personnes ont été blessées par ces armes dites non-léthales. Les personnes ont été acculées à la place de la gare entourée par des barrières, des canons à eau et des forces de l’ordre. Elles y ont été retenues sans information, sans
nourriture, sans eau et dans l’obscurité pour une durée allant jusqu’à sept heures. Le canon à eau est également utilisé lors de températures avoisinant les moins cinq degrès. La police refusait de faire sortir les
blessé-e-s. Dans les bureaux et le parking de la Coop commence alors un contrôle individuel d’identité, de fouilles et de fichage pour toutes les personnes présentes. La police elle-même déclare avoir fiché 1082 personnes lors de cette vaste opération de contrôle. - Février 2004, Lausanne, site de l’EA
Une manifestation roulante a lieu, rassemblant environ 150 manifestant-e-s à vélo, planche à roulettes, patins, etc. Cette manifestation dénonce l’évacuation du squat de La Riposte et du local Le Puits. Elle condamne la
répression des lieux de culture alternative, non marchande, et soulève le problème de la pénurie de logements. Des manifestations roulantes ont déjÃ
eu lieu par le passé à Lausanne : elles ont toujours été « assistée  » avec discrétion par des agent-e-s de police. Cette année la manifestation a été suivie et sévèrement encadrée par une escouade de policier-ère-s en tenue antiémeute, 80 environ, au point que des passant-e-s en ont été scandalisé-e-s. - Février 2004, encore Lausanne
Le Tribunal de police de Lausanne se penche sur les manifestations du 1er mai 2001. A cette période, un conflit syndical majeur se jouait au sein de
l’entreprise Presses centrales. Le patron avait décidé de quitter l’association patronale, afin de se dégager de la convention collective de travail et péjorer les conditions de travail du personnel. Pour marquer son
soutien aux travailleur-euse-s, le comité d’organisation du 1er mai a brièvement détourné le cortège du parcours prévu, en passant devant l’entreprise incriminée. Selon la direction des Transports Lausannois, cela a occasionné quelques quarts d’heures de retard sur l’une ou l’autre ligne de bus. Le Tribunal de police a retenu l’entrave à un service d’intérêt général et a condamné quatre militant-e-s et un secrétaire syndicaux à des
peines de prison, allant de 3 à 5 jours avec sursis. - Février 2004, Genève
En été 2003, Evian accueille le G8. Autant du côté français que du côté suisse de la frontière des manifestations s’organisent pour dénoncer les
politiques anti-sociales menées par le G8 et son caractère anti- démocratique. L’un des organisateurs de ces manifestations est le Forum social lémanique (FSL). En marge des manifestations, des déprédations ont
lieu en ville de Genève. La police ne les empêche pas, mais fait irruption dans un lieu genevois de culture alternative, siège pour l’occasion du média indépendant indymédia, voulant insinuer que les casseurs proviennent
de ces milieux. Après les événements, des membres genevois de partis bourgeois tentent d’attaquer deux figures de proue du FSL, par ailleurs fonctionnaires, en les accusant de manquer à leur devoir de réserve par des appels à la désobéissance civile. Ces attaques n’aboutissent pas, alors la justice se saisit de l’affaire. Un juge instructeur genevois vient d’inculper l’un des animateurs du FSL pour instigation à dommages et à violation de domicile, émeute et, en tant que fonctionnaire, incitation à la désobéissance. - Février 2004, toujours Genève
Les partis de droite déposent au parlement un projet de loi qui impose des règles tellement rigides à l’organisation de manifestations que celle-ci en devient pratiquement impossible. - Février 2004, Bellinzona,
http://www.indymedia.ch/it/2004/03/19763.shtml (indymedia ti)
Menotté dans le train après la fête de carnaval de Bellinzona pour s’y être endormi en état d’ébriété, tabassé et laissé en cellule blessé et sans soins, un jeune de 18 ans a dénoncé deux agents de la police
communale de Bellinzona et un caporal de la police cantonale pour voies de fait, lésion corporelles, abus d ?autorité, omission de porter secours et violation de la loi sur la police. - Avril-mai 2004, Bellinzona,
http://switzerland.indymedia.org/it/2004/04/21578.shtml
Pendant des années, le gouvernement tessinois a ignoré et banalisé la problématique des sans-papiers dans le canton, en particulier des ressortissant-e-s équatorien-ne-s. Ces deux dernières années, l’Etat a mis
en oeuvre une politique d’expulsions forcées et une campagne de persécution contre les familles équatoriennes d’une part, contre cette partie de la
population tessinoise qui s’est montrée solidaire de ces personnes d’autre part.
En octobre 2002, lors de l’évacuation du Centre Social Autogéré il Molino, effectuée par une centaine de policiers/ères antiémeute, près de 50 équatorien-ne-s qui y étaient hébergé-e-s ont été expulsé-e-s de Suisse.
Malgré cette mesure, la problèmatique des sans-papiers équatorien-ne-s n’est de toute façon pas résolue. Le 29 avril 2004, une femme est jugée à Bellinzona pour aide au séjour illégal. Ce qu’on lui reproche est d’avoir
aidé des êtres humains en difficulté. Le procès a abouti à une amende de Fr. 200.- pour infraction à la Loi fédérale sur le séjour et l’établissement des étrangers (LSEE). Avant l’ouverture de la procédure pénale, 150 personnes se sont auto-dénoncées pour la même infraction, en guise de soutien à cette femme ; leurs auto-dénonciations ont été déposées au Conseil d’Etat par le Mouvement des sans-voix. Les autorités tessinoises ont chargé la police d’entendre toutes ces personnes. Fin mai 2004, les premières convocations ont été envoyées par les postes de gendarmerie du canton. - Mai 2004, Locarno, http://ch.indymedia.org/it/2004/05/22385.shtml
(indymedia ti)
La police, présente sur place avec 22 agent-e-s, utilise du spray au poivre contre un mineur qui s’est permis de détacher les lacets à un agent de
police pendant une action contre le Mc Donald’s de Muralto. A la suite de ces moments de tension entre la police et les manifestant-e-s, 5 personnes sont interpellées, dont 4 mineur-e-s.
Nous vous proposons une mobilisation large de tous les mouvements touchés par la répression en automne 2004. Les signataires de cet appel sont convié-e-s à une séance de préparation de la mobilisation le 3 septembre à 18 h 30 à la Reithalle de Berne.