La chasse aux pauvres est ouverte toute l’année
par
Grandes manœuvres du gouvernement MEDEF-CPNT :
la chasse aux pauvres est ouverte toute l’année et s’étend à de nouveau territoires.
Chroniques de la vie ordinaire en SARKOland et MEDEFrance.
Il est inutile d’insister encore sur le cirque médiatique de notre hyperactif ministre de l’intérieur, sur ses provocations verbales et ses méthodes musclées de " karchérisation " des banlieues et de " chartérisation " des immigrés. La culture du résultat comptable et la pression sur la police et les préfets pour qu’ils atteignent des quotas d’arrestations et d’expulsions entraînent des conséquences humaines désastreuses dans l’indifférence quasi générale.
Nous devons être vigilants sur ces sujets et éviter soigneusement de transformer en boucs émissaires de nos propres difficultés celles et ceux qui sont encore plus que nous victimes d’un ordre mondial injuste qui n’a d’autres perspectives d’avenir qu’une aggravation des inégalités et l’éventuelle élimination de la partie non " rentable " de l’humanité.
Toutefois la raison d’être de notre association étant la défense des chômeurs c’est sur ce terrain que nous devons concentrer notre regard et porter nos efforts. Il y a longtemps que la " chasse aux pauvres " est une activité fort prisée de certaines corporations comme les organismes de prêt à la consommation (banquiers et assimilés), les " marchands de sommeil ", certaines catégories d’employeurs-esclavagistes, les huissiers, etc.
Dans ce combat inégal des exploiteurs et de leurs victimes, certains organismes publics avaient jusqu’à ces dernières années, la vocation d’aider les plus démunis à maintenir la tête hors de l’eau et même parfois à sauvegarder un minimum de dignité. Souvent trop bureaucratiques et pas toujours très efficaces les services sociaux et des agences comme l’ANPE faisaient ce qu’ils pouvaient pour aider les chômeurs ou les exclus.
Malheureusement comme le montrent de nombreux témoignages concordants issus de secteurs différents, sous l’impulsion de nos gouvernants ultra-libéraux, les " protecteurs " sont progressivement poussés dans le camp des " chasseurs ".
Extraits du témoignage de J.J. R.
" Aujourd’hui, mardi 13 décembre 2005, je viens d’assister à un spectacle hallucinant à l’ANPE De la cité Charles Godon, Paris 9ème .
Convoqué à 1a heures pour un entretien individuel dans le cadre du plan de reconversion villepin-machin-bidule “à voir avec vous les modalités d’une reconversion” dans le style -on ne répond pas au gentil RV : radié !- , je trouve devant l’ANPE un attroupement de trente personnes environ ... tous convoqués au même entretien individuel. [...] La dame de l’accueil nous invite à rejoindre la salle du 1er, où a lieu la “réunion” ... Cinq minutes plus tard, nous nous retrouvons à 57 chômeurs -j’ai compté !- entassés dans une salle de 30 places. [...]
Une autre dame de l’ANPE arrive, pas très à l’aise :
Mesdames et messieurs, voilà , Dans le cadre du plan de reconversion machin-bidule, l’ANPE vous propose de participer à un stage de 200 heures.
Une voix s’élève dans la salle : - Euh, pardon madame, sur la convocation, c’est écrit entretien individuel ! C’est quoi ce délire ? ...
Le ton monte dans la salle, on s’aperçoit qu’on a tous reçu la même convocation pour un entretien individuel. La dame de l’ANPE gênée :
Non, non, c’est une erreur, il s’agit bien d’une réunion de préparation à un stage.
Mais quel sage ? On n’a pas demandé de stage !
Un stage réservé aux bénéficiaires de l’ASS.
Madame je ne suis pas allocataire de l’ASS, pourquoi ai-je été convoqué ?
Ah, euh ! Y a-t-il d’autres personnes dans ce cas ? Cinq ou six personnes lèvent la main.
Si vous n’êtes pas bénéficiaires de l’ASS, signalez-le au dos de votre convocation et rentrez chez vous, vous ne serez pas “inquiétés” (je reprends le terme entendu : “inquiétés”, peut-être seulement un “lapsus” de la part de cette employée de l’ANPE qui était elle-même très mal dans sa peau, mais tout de même.) Chahut dans la salle. Tout le monde s’énerve. [...]
La dame de l’ANPE finit par nous informer que le stage démarre le 14 décembre à 10 heures ... c’est à dire le LENDEMAIN MATIN ... à Montrouge ... c’est à dire pas la porte à côté. Les questions fusent
Et quand on a un travail à temps partiel ?
Et quand on a un rendez-vous professionnel ?
Vous pourriez nous parler un peu du contenu de ce stage !
-Vous pensez qu’on peut se libérer comme ça du jour au lendemain ! C’est honteux ! Un chômeur, très excité prend la salle à témoin et se met à crier “Ce genre de procédé ressemble à une rafle, madame ! Chômeurs, vous avez 12 heures pour préparer vos bagages "
Bien entendu il ne s’agissait pas du cas isolé d’un chef d’agence ANPE ayant fait de l’excès de zèle ou même " pété les plombs "
Le même jour une scène similaire se déroulait dans le 19ème -pas directement à l’ANPE - mais dans les locaux d’une " association " prestataire de services pour l’ANPE : Solidarités et Jalons pour le Travail (SJT : une boîte dont l’intitulé semble tout droit sorti d’un livre d’histoire de la période Vichyssoise).
Comme rapporté par l’édition du 14-12-05 du journal Le Parisien : en quelques heures plus de 200 allocataires de l’ASS se sont présentés dans les locaux de la SJT. Tous avaient été convoqués le même jour pour une éventuelle formation " destinée à les remobiliser " ...
" Au cas où vous ne donneriez pas suite, je serais conduit à ne plus vous considérer comme demandeur d’emploi " avertissait la lettre type envoyée aux chômeurs.
Un communiqué d’AC ! Paris précise que 80 chômeurs ont refusé de quitter la boîte en question sans engagement de l’ANPE à ne radier aucune des personnes convoquées.
Séances dites d’information " obligatoires " sous peine de radiation immédiate. De quoi s’agit-il ? Certainement pas de propositions de formations adaptées à nos désirs d’emploi. Une note confidentielle adressée à l’ensemble des directions ANPE, que nous nous sommes procurée, donne ordre de suspendre les accords pour les formations à partir du 31 décembre 2005 pour tous les demandeurs d’emploi. Et pour cause, la convention en cours de signature prévoit que les nouvelles formations devront répondre aux besoins des bassins d’emploi (traduire les volontés patronales), et qu’elle ne pourront pas être refusées dans ce cadre sous peine de sanctions. [...] Les prestations d’organismes comme le SJT, instaurées par le PARE en 2001, visent avant tout à orienter le demandeur d’emploi vers un métier non choisi, en lui démontrant qu’il a tout à fait les compétences requises pour faire maçon ou femme de ménage. Contrairement au bilan de compétences classique, le résultat de la prestation n’est pas confidentiel et sera transmis à l’ANPE-UNEDIC qui aura ainsi tous les arguments nécessaires pour radier les récalcitrants.
Nous vivons une " époque moderne. " Comme les vampires, nos saigneurs et maîtres préfèrent encore que leurs manoeuvres ne soient pas exposées en pleine lumière, l’action collective peut encore les faire reculer. Si vous ne voulez pas être broyés individuellement par cette machine infernale, rejoignez-nous pour résister, RÉSISTER !